HISTORIQUE
Centre de Recerques i d'Estudis Catalans, Universitat de Perpinya
noms de lloc de la nostra terra
LA CABANASSA (Altiplà de la Perxa)
Forme ancienne: 897: Portus Jardonis; Xe siècle: Vilar de Casellas, Casales XIIe siècle: Les Cases; XIV~-XVe siècles: Cabana; 1570.- La Cabanassa 1632 : Les Cases.
Etymologie:
1) Le nom primitif fut peut-être Jardon, domaine d'époque carolingienne, avec le nom du possesseur, et la finale -one qu'on retrouve dans de nombreux toponyme patronymiques de la région (Odilone - OdeII6, Saltone - Sauté, Allone - Llo, Serra Guadone, Cher Ennegone, etc.).
Il peut s'agir d'un nom d'homme latin, soit Geridus, soit Jordanus (déformé en jardone; mention Iordanem, en 966) avec le suffixe adjectival -onem; mais plutôt du nom d'homme germanique Jardone, au cas-régime (de Ward = garder, ou de Gard = clôturer).
Ce domaine occupait, au pied de St Père dels Forcats, dont il dépendait, la vaste cuvette appelée Clot de les Forques (pré-latin clot = creux). Son nom s'est conservé avec celui du cours d'eau de ce vallon le " Jardo " (v. La Perxa).
Il semble que ce domaine correspondait à peu près à celui de la donation du Comte Seniofred, en 966, et dont les limites étaient: Au Nord: la "Via Boedena" (chemin du Razès), qui passait par une "Coma Lempeda" (Toponyme disparu, rappelant la "Coma llempia" d'Andorra, de "limpida" = propre, nue), par "Pedernaleres" (?), et par le " Guado Redesso " (gué du Razès, sur la Tet) ;
A l'Est: la " Ted " (Tet), jusqu'au pont de la " Strata publica " (chemin public), à l'entrée de la " Vall Balaguer " ;
Au Sud: le "Jordanem" (sans doute erreur, pour "Jardonem" Jardô) ;
A l'Ouest., " Inforcatis " (Forcats), " Pujol " (Coll de la Perxa), " Rigat Dalu " (ruisseau de St-Jean ?), " Aquam Vulcario " (rivière de Bolquera) au pont de la " Via Cerdana " (chemin de la Cerdanya).
2) Il fut ensuite appelé Caselles (Latin Casa = maison rurale + suffixe diminutif -ella), puis Casals (suffixe augmentatif -alem). Il constituait un Vilar (Latin Villare = dépendance d'une Villa ou ferme).
3) A partir du XIVe siècle apparaît un nouveau nom, Cabana (bas-latin Capanna = cabane, petite ferme).
4) Après le XVIe le hameau se développe: on l'appelle Les Cases et surtout La Cabanassa (suffixe augmentatif -acea) qui devient son nom officiel sous l'Administration française.
5) La commune de La Cabanasse (avec son hameau " La Perxa ") n'a été créée que sous la Révolution. Elle appartenait auparavant à St Pere dels Forcats.
Autres "Cabanassa", à Céret, St-Salvador, Banyuls de la M. et en Catalogne-Sud. Nombreux villages et hameaux Cabanes, Cabanyes, Cabanelles, Cabaneta, en Catalogne, Cabanes, Chavannes, Cabanès, Chabanais, etc., en France.
Ecarts :
- La Perxa : voir ci-dessous.
- Els Molins (Latin Molinus -. moulin, Catalan Moli), Moulins à eau, qui ont ensuite actionné une filature de laine.
- Des documents anciens mentionnent à La Cabanassa un Riufred (riparia de Riufret, 1570), de Rivum frigidum = rivière froide, qui semble différent de celui qui coulait au nord de La Llaguna.
Forme ancienne : IXe siècle : Portu Inforcatos, Portus Jardonis ; Xe siècle : Collum Jordanem; XIe siècle: Pertica, Partica Portus, Ste Marie de Arulas; XIIe siècle: Ecclesia Stae Mariae de Porticu; XIIIe siècle: Ospicium et Domus de Pertica; XIVe siècle: Cabanas de Perticha, Spital de la Pertxa, Perxa; XVIe siècle: lo Vilar de la Perxa, Coll de la Perxa.
1) Coll de la Perxa: Ce col, primitivement Port (Latin Portus= passage) séparait la Cerdanya du Conflent et constituait un important carrefour de voies vers la Cerdanya, le Conflent (par La Cabanassa), le Razès (par le Capcir), St Père dels Forcats, Eyna, Bolquera.
Il était appelé jusqu'au Xe siècle: Port d'Inforcats, parce qu'il donnait accès au village de St Père d'Inforcats (dels Forcats après le XIVe siècle), Port de Jardo, parce qu'il appartenait au village de Jardô, ancien nom de La Cabanassa et nom actuel de sa rivière.
A partir du XIe siècle apparaît la dénomination définitive: Port de la Perxa. Ce mot, du Latin Pertica (Français Perche, Catalan Perxa) désignait une grande perche en bois, un poteau remarquable marquant une limite (peut être celle des Comt.és de Cerdanya et de Conflent), comme les synonymes Pal, Estaca, Astella, Esparra, employés dans des cas analogues.
Plus tard, de telles perches ont été aussi plantées le long de certains chemins de montagne pour signaler le passage lors des enneigements (Cf. les lieux-dit Les Perxes, à Formiguera, Soanyes, Sesperches en Catalogne-Sud). Perche peut aussi désigner un bois de jeunes pousses, mais c'est surtout dans la toponymie française qu'il est employé dans ce sens (village Perchède, du Gers, Les Perques, de la Manche).
Le mot Port, encore si fréquent dans les Pyrénées, a fait place ici au mot Coll (Latin Collum = col) qui s'est généralisé partout sous l'influence du Français.
Noter que " Perxa " a pu être écrit souvent " Pertxa ", avec un " t " implosif devant chuintante.
2) Hameau de la Perxa. Il existait au Xe siècle un Mas de Pujol (965: Mansos de Pugol), dont le nom pouvait s'appliquer à l'une des croupes qui bordent le col (Latin Podiolum = petit puig ou colline), mais qui représentait plutôt un patronyme de même étymologie.
Plus tard ce nom a disparu, au profit de Cabanes ou El Vilar.
Ce hameau sera l'un des 33 villages cédés à la France par le Traité des Pyrénées de 1659. Il sera rattaché à la commune de La Cabanassa sous la Révolution.
3) Església Santa Maria et Hospital de la Perxa. On trouve dès le XIIe siècle les mentions d'une église (ecclesia, domus) dédiée à Ste Marie (Santa Maria de Port, Sta Maria de Perxa), et au XIIIe siècle celles d'un Hospital accueillant les malades et pèlerins, comme il en existait à tous les passages importants.
Cette église et cet hospice, détruits au début du siècle dernier, étaient quelquefois appelés El Priorat (dépendant d'un Prieur).
N° 73 à 80
Prada
1990