Sur la commune de La Cabanasse, entre le village et la Cité
de Mont-Louis, se trouve le hameau des Moulins.
Cette dénomination date du début du XVIIIe
siècle et fait référence à la
présence de deux moulins à farine.
Le premier se trouvait dans la ferme la plus ancienne, on le trouve
cité sur un inventaire en 1540.
Il est appelé "Moli de dalt" (moulin d'en haut). Il appartient
à Barthélémy BLANQUER, mais c'est Jean de Foix
(sûrement un des frères du Seigneur du conté de
Foix) qui en récupère les productions pour
moitié.
Ce moulin disparaîtra au milieu du XIXe s. (il en reste encore
les deux canaux d'évacuation de l'eau, et trois meules servant
de dallage).
En 1678, sur un projet de construction de la citadelle de Mont-Louis
(construite entre 1679 et 1681), on voit ce premier moulin
nommé "moulin du Gouverneur".
Mais ce projet ne semble pas avoir aboutit. Le site (la plus
accessible) reste le meilleur endroit pour un moulin desservant la
citadelle militaire.
En 1686, le premier Gouverneur de Mont-Louis, François de
Fortia, Marquis de Durban, désire faire construire un moulin
exprès pour Mont-Louis. Pour cela il lui faut l'autorisation
de la plus haute autorité : le Roi.
Louis XIV, roi de France et de Navarre, nouveau maître de la
région cerdane depuis le partage par le Traité des
Pyrénées en 1659, donne un privilège particulier
à son dévoué Gouverneur.
Le texte lui donne toute liberté pour faire son moulin. Le roi
appose son sceau.
(L'original se trouve à Paris, mais les archives de Perpignan
en gardent une copie (texte
intégral ici par ce lien), avec l'accord du Gouverneur du
Roussillon.)
Le moulin sera construit seulement qu'en 1691 et prendra le nom de
"Moli del Rey", le moulin du roi.
En remerciement, le Gouverneur doit une cuisse de biche tous les
quatre ans. Cela s'appelle aujourd'hui un franc symbolique !
Ce Gouverneur un peu bizarre, rendra obligatoire en 1700 de venir
moudre son blé à son moulin, sous peine d'amende ou de
prison.
Son abus lui portera malheur, puisqu'il meurt la même
année, et ses descendants vendent vite le moulin à un
noble de Mont-Louis, un médecin nommé le Sieur
Burgat.
Au cours des siècles, le moulin reviendra aux fermiers qui
habitent à côté, aux Blanquer puis aux Blanc
(c'est la même famille).
En 1946, la SNCF réquisitionne l'eau de la Têt pour
fournir un maximum de puissance aux usines hydroélectriques
pour le Train Jaune.
Le moulin, faute de suffisamment d'eau, va s'arrêter.
Une électrification par un moteur de 40 CV sera tentée,
mais le meunier préfère arrêter. Il s'agit de Mr
Banet, qui a vécu sur la commune jusqu'en 1999.
Fermé, le moulin va se détériorer et il y a une
trentaine d'année, le toit s'écroule.
Deux possibilités : vider le bâtiment et en faire une
maison ou le laisser s'écrouler entièrement.
Une solution intermédiaire sera choisie : aménager la
partie haute pour faire un appartement de locations et laisser le
bas, avec le moulin, en état.
Le moulin protégé sera restauré pour des visites
touristiques.
Aujourd'hui il ne reste que deux moulins à farine relativement en bon état sur tout le département !
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